Les seuils de détection thermique et électrique ont été évalués chez 72 patients souffrant de troubles temporomandibulaires douloureux. En utilisant des critères largement acceptés, 44 patients ont été classés comme souffrant d’arthralgie de l’articulation temporomandibulaire (ATM) (c’est-à-dire une douleur provenant de l’ATM) et 28 de myalgie (c’est-à-dire une douleur provenant des muscles de la mastication). Une stimulation électrique a été utilisée pour évaluer les seuils dans les grandes fibres nerveuses myélinisées (Abeta) et une application de chaleur pour évaluer les seuils dans les fibres nerveuses non myélinisées (C). Les tests sensoriels ont été réalisés bilatéralement dans trois sites du nerf trijumeau : le territoire du nerf auriculo-temporal (AUT), le territoire du nerf buccal (BUC) et le territoire du nerf mental (MNT). En outre, 22 témoins sains et asymptomatiques ont été examinés. Un sous-ensemble de dix patients souffrant d’arthralgie a subi une arthrocentèse et les seuils de détection électrique ont été évalués en plus après la procédure. Les rapports des seuils de détection électrique ont été calculés en divisant le côté affecté par le côté témoin, ainsi des rapports réduits indiquent une hypersensibilité du côté affecté. Chez les patients témoins, les rapports obtenus sur tous les sites ne variaient pas de manière significative par rapport à la valeur attendue de » un » (moyenne avec intervalles de confiance à 95 % : AUT, 1:0,95-1,06 ; BUC, 1,01:0,93-1,11 ; MNT, 0,97:0,88-1,05, analyse d’échantillon unique pour toutes les zones P>0,05). Chez les patients atteints d’arthralgie, les ratios moyens (+/-SEM) obtenus pour le territoire AUT (0,63+/-0,03) étaient significativement plus faibles que les ratios pour les territoires MNT (1,02+/-0,03) et BUC (0,96+/-0.04) (analyse de variance à mesures répétées (RANOVA), P<0,0001) et par rapport aux ratios AUT dans le groupe myalgie (1,27+/-0,09) et chez les sujets témoins (1+/-0,06, ANOVA, P<0,0001). Dans le groupe myalgie, les ratios de seuil de détection électrique dans le territoire AUT étaient significativement élevés par rapport aux ratios AUT des sujets témoins (test de Dunnett, P<0,05), mais n’ont approché la signification statistique que par rapport aux territoires MNT (1,07+/-0,04) et BUC (1,11+/-0,06) (RANOVA, F(2,27)=3,12, P=0,052). Il n’y avait pas de différences significatives entre et au sein des groupes pour les rapports des seuils de détection électrique dans les territoires nerveux BUC et MNT, et pour les seuils de détection thermique dans tous les sites testés. Après l’arthrocentèse, les rapports moyens des seuils de détection électrique dans le territoire AUT étaient significativement élevés de 0,64+/-0,06 à 0,99+/-0,04, indiquant la résolution de l’hypersensibilité (test t apparié, P=0,001). En conclusion, l’hypersensibilité des grandes fibres myélinisées est présente dans la peau recouvrant les ATM avec des douleurs et des pathologies cliniques mais n’est pas présente chez les contrôles. Chez les patients souffrant de douleurs faciales liées aux muscles, on observe une élévation significative du seuil de détection électrique dans la région AUT.