NICK EICHER, HOST : Nous sommes aujourd’hui le lundi 20 janvier. Bonjour ! C’est Le monde et tout ce qu’il contient de la part de la radio mondiale soutenue par les auditeurs. Je suis Nick Eicher.
MARY REICHARD, HOST : Et je suis Mary Reichard. A suivre, un discours de Martin Luther King Jr, dont la nation célèbre l’anniversaire avec la fête nationale d’aujourd’hui.
En octobre 1964, King a remporté le prix Nobel de la paix. Il était la plus jeune personne à l’époque à recevoir cet honneur.
Deux mois plus tard, il s’est rendu à Oslo, en Norvège, pour accepter le prix. Écoutons maintenant un extrait de son discours d’acceptation.
MARTIN LUTHER KING, JR : J’accepte le prix Nobel de la paix à un moment où 22 millions de Noirs des États-Unis sont engagés dans une bataille créative pour mettre fin à la longue nuit de l’injustice raciale. J’accepte ce prix au nom d’un mouvement de défense des droits civiques qui avance avec détermination et un mépris majestueux du risque et du danger pour établir un règne de liberté et une règle de justice. Je suis conscient qu’hier encore, à Birmingham, en Alabama, nos enfants, qui criaient à la fraternité, ont reçu pour réponse des lances à incendie, des chiens hargneux et même la mort. Je suis conscient qu’hier encore, à Philadelphie, dans le Mississippi, des jeunes qui cherchaient à obtenir le droit de vote ont été brutalisés et assassinés. Je suis conscient que la pauvreté débilitante et écrasante afflige mon peuple et l’enchaîne au plus bas de l’échelle économique.
J’accepte ce prix aujourd’hui avec une foi inébranlable en l’Amérique et une foi audacieuse dans l’avenir de l’humanité. Je refuse d’accepter le désespoir comme la réponse finale aux ambiguïtés de l’histoire. Je refuse d’accepter l’idée que la nature actuelle de l’homme le rend moralement incapable d’atteindre l’éternel « devoir » auquel il est confronté pour toujours. Je refuse d’accepter l’idée selon laquelle l’homme n’est qu’une épave dans le fleuve de la vie, incapable d’influencer le déroulement des événements qui l’entourent. Je refuse d’accepter l’opinion selon laquelle l’humanité est si tragiquement liée au minuit sans étoiles du racisme et de la guerre que l’aube lumineuse de la paix et de la fraternité ne pourra jamais devenir une réalité.
Je refuse d’accepter la notion cynique selon laquelle nation après nation doit descendre en spirale un escalier militariste vers l’enfer de l’annihilation nucléaire. Je crois que la vérité désarmée et l’amour inconditionnel auront le dernier mot dans la réalité. C’est pourquoi le droit temporairement vaincu est plus fort que le mal triomphant. Je crois que même au milieu des rafales de mortier et des balles qui gémissent d’aujourd’hui, il y a encore de l’espoir pour des lendemains qui chantent. Je crois que la justice blessée, prostrée dans les rues ensanglantées de nos nations, peut être relevée de cette poussière de honte pour régner en maître parmi les enfants des hommes. J’ai l’audace de croire que les peuples du monde entier peuvent avoir trois repas par jour pour leurs corps, l’éducation et la culture pour leurs esprits, et la dignité, l’égalité et la liberté pour leurs esprits. Je crois que ce que les hommes égocentriques ont démoli, les hommes égocentriques peuvent le reconstruire. Je crois encore qu’un jour l’humanité s’inclinera devant les autels de Dieu et sera couronnée triomphante sur la guerre et l’effusion de sang, et que la bonne volonté rédemptrice non violente (reprendra) le pouvoir sur la terre. « Le lion et l’agneau se coucheront ensemble, et chacun s’assiéra sous sa vigne et son figuier, et personne n’aura peur. » Je crois toujours que nous vaincrons !
Cette foi peut nous donner le courage d’affronter les incertitudes de l’avenir. Elle donnera à nos pieds fatigués une nouvelle force alors que nous continuons notre marche en avant vers la ville de la liberté. Lorsque nos jours deviendront mornes avec des nuages rasants et que nos nuits deviendront plus sombres que mille midnights, nous saurons que nous vivons dans la tourmente créatrice d’une civilisation authentique qui lutte pour naître.