Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est la condition endocrinienne la plus courante affectant les femmes en âge de procréer, avec un taux de prévalence présumé compris entre 4 et 10%. Il s’agit d’une maladie difficile à diagnostiquer et à traiter, car elle se manifeste par une variété de symptômes dont l’intensité et l’impact peuvent varier d’une patiente à l’autre. L’un des symptômes les plus courants est l’irrégularité des règles, qui touche certaines femmes atteintes de SOPK, mais pas toutes.
Un diagnostic de SOPK est souvent posé après l’exclusion d’autres affections. En 2003, le consensus de Rotterdam a établi un ensemble de lignes directrices pour aider au diagnostic. Ces lignes directrices stipulent que pour qu’un diagnostic soit posé, les patients doivent présenter deux des trois symptômes suivants :
- Oligo/anovulation.
- Hyperandrogénie clinique ou biochimique.
- Ovaires polykystiques.
Sans faire partie du diagnostic standard du SOPK, la résistance à l’insuline et l’obésité sont également fortement associées à cette pathologie.
SOPK et fertilité
Les femmes atteintes de SOPK n’ont pas toutes des problèmes de fertilité, mais un nombre important d’entre elles en ont. De nombreuses femmes identifient d’abord un problème lorsqu’elles luttent pour concevoir et ce n’est qu’après avoir subi des examens pour infertilité qu’elles reçoivent un diagnostic de SOPK. Pas moins de 70 à 80 % des femmes atteintes de SOPK auront des problèmes de fertilité et cette affection est la principale cause d’anovulation chez les femmes en âge de procréer.
L’un des signes les plus évidents de l’existence d’un problème d’ovulation est la perturbation du cycle menstruel. 75 à 85 % des patientes atteintes de SOPK auront des cycles menstruels irréguliers. Des règles peu fréquentes, également appelées oligoménorrhée, se produisent lorsqu’une femme a moins de 8 règles par an et/ou un intervalle de 35 jours ou plus entre les saignements. 80 à 90 % des femmes qui consultent un médecin pour une oligoménorrhée se verront diagnostiquer un SOPK. Ainsi, il est très fréquent que les femmes atteintes de SOPK aient des règles irrégulières.
Est-il toutefois possible d’avoir des règles régulières, et d’être tout de même diagnostiqué avec un SOPK ?
La réponse à cette question est oui.
Diagnostic du SOPK lorsque les règles sont régulières
Il existe deux scénarios principaux qui pourraient faire qu’une femme atteinte de SOPK ait des règles régulières.
1 En adhérant aux directives de Rotterdam, seuls deux symptômes sur trois sont nécessaires pour qu’un diagnostic de SOPK soit posé. Par conséquent, une femme peut avoir des ovaires polykystiques et présenter des signes d’hyperandrogénie, mais conserver des cycles ovulatoires réguliers. Avec des cycles ovulatoires réguliers, ses règles seront probablement aussi régulières, mais ses autres symptômes seraient suffisants pour un diagnostic positif. Les femmes qui ovulent régulièrement sont moins susceptibles de connaître l’infertilité.
2 L’ovulation peut être sévèrement perturbée sans effets évidents sur la régularité des menstruations. 20-50% des femmes hyperandrogènes ayant des règles normales, ont des cycles anovulatoires chroniques, et des règles régulières ne sont pas une garantie que l’ovulation a lieu. Cette situation peut être particulièrement difficile pour les femmes qui utilisent leurs règles pour suivre leurs jours fertiles dans le but de tomber enceinte. Sans ovulation, la fécondation ne peut pas avoir lieu.
La seule façon de confirmer cliniquement la présence ou l’absence d’ovulation est de faire un test sanguin ; cependant, les femmes qui ont des cycles anovulatoires peuvent constater qu’elles ne ressentent pas les symptômes prémenstruels typiques, comme les ballonnements, l’irritabilité et les seins douloureux. La confirmation clinique de l’ovulation provient de la surveillance des taux sériques de progestérone. Normalement, immédiatement après l’ovulation, les taux de progestérone augmentent rapidement, marquant la phase lutéale du cycle. Il n’est pas rare que les taux de progestérone atteignent 10ng/mL. Si les niveaux restent inférieurs à 3-4 ng/mL, il est extrêmement peu probable que l’ovulation ait eu lieu.
Les effets masquants de la pilule contraceptive orale
Il existe un autre scénario dans lequel une femme peut croire qu’elle a des règles régulières après un diagnostic de SOPK.
De nombreuses femmes prennent la pilule contraceptive orale ; et son utilisation aujourd’hui va bien au-delà de la seule prévention de la grossesse. Les femmes la prennent pour gérer les règles abondantes, pour soulager les symptômes de la péri-ménopause et pour réduire les effets du syndrome prémenstruel. C’est un outil précieux dans la gestion de l’endométriose et ses propriétés anti-androgènes font qu’elle est souvent administrée aux femmes souffrant de SOPK. La pilule contraceptive orale combinée entraîne des saignements mensuels, et il n’est donc pas déraisonnable de supposer qu’elle rétablit aussi efficacement la régularité du cycle. Cependant, il s’agit de saignements de privation plutôt que de menstruations normales et il est très probable qu’à moins que des changements de mode de vie appropriés aient été mis en œuvre, une fois le traitement arrêté, les cycles qui étaient auparavant irréguliers le redeviendront.
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Sources:
- Azziz, Ricardo, et al. « Les critères de l’Androgen Excess and PCOS Society pour le syndrome des ovaires polykystiques : le rapport complet du groupe de travail ». Fertilité et stérilité, vol. 91, no. 2, fév. 2009, pp. 456-488., doi:10.1016/j.fertnstert.2008.06.035.
- « Conséquences à long terme du syndrome des ovaires polykystiques ». Collège royal des obstétriciens et gynécologues, nov. 2014, www.rcog.org.uk/globalassets/documents/guidelines/gtg_33.pdf.
- « Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ». ACOG, juin 2017, www.acog.org/Patients/FAQs/Polycystic-Ovary-Syndrome-PCOS.
- Teede, H, et al. « Le syndrome des ovaires polykystiques : une condition complexe avec des manifestations psychologiques, reproductives et métaboliques qui ont un impact sur la santé tout au long de la vie. » BMC Medicine, vol. 8, no. 1, 30 juin 2010, doi:10.1186/1741-7015-8-41.
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