Selon la loi juive traditionnelle, une personne est juive si elle est née d’une mère juive ou convertie au judaïsme. Par conséquent, un enfant né d’un père juif et d’une mère non juive n’est pas juif, même s’il est élevé avec une identité juive. Avant les années 1960, lorsque les mariages mixtes étaient relativement rares aux États-Unis, cette loi avait peu de conséquences pratiques. Aujourd’hui, cependant, plus d’un tiers des Juifs se marient entre eux et, le plus souvent, ce sont des hommes juifs qui épousent des femmes non juives. Par conséquent, on estime à 220 000 le nombre d’enfants aux États-Unis nés de femmes non juives mariées à des hommes juifs.
En mars 1983, le mouvement réformé a rompu avec les sectes juives orthodoxes et conservatrices – et avec la loi juive – et a déclaré qu’un enfant né d’un parent juif, que ce soit la mère ou le père, est sous la présomption d’être juif. Cette résolution sur la filiation patrilinéaire poursuit en précisant que la judéité d’une personne n’est cependant pas automatique, mais doit être activée par des actes juifs « appropriés et opportuns ». Il ne suffit pas d’être né d’un parent juif. Le mouvement réformé note également que dans la Bible, la lignée a toujours suivi le père, y compris dans les cas de Joseph et Moïse, qui se sont mariés dans des familles sacerdotales non israélites.
La décision réformée de considérer un enfant comme juif sur la base d’une ascendance patrilinéaire aussi bien que matrilinéaire a suscité une âpre controverse. À l’avenir, les juifs traditionnels qui souhaitent épouser un juif réformé devront examiner les antécédents de leur futur conjoint pour s’assurer qu’il est juif selon la loi juive. En réalité, cependant, le changement opéré par le mouvement réformé n’est pas aussi important qu’il n’y paraît. Si les rabbins réformés avaient maintenu la définition traditionnelle du Juif et insisté pour convertir les enfants de femmes non juives mariées à des hommes juifs, les Juifs orthodoxes auraient toujours considéré les conversions comme invalides, puisqu’ils rejettent la validité de la réforme. (Il convient toutefois de noter que dans le cas d’un enfant né d’un père juif mais d’une mère non juive, la plupart des rabbins orthodoxes assouplissent les exigences strictes normalement imposées aux candidats à la conversion).
Au sein du mouvement réformé, un nombre important de rabbins se sont opposés à la décision, et quelques-uns se sont agités pour que la décision soit annulée. Cela ne pourrait se produire que si le rabbinat orthodoxe accepte la validité des conversions réformées. Comme aucun accord de ce genre ne semble se profiler, la décision réformée apparemment adoptée dans une large mesure pour accommoder et rassurer les dizaines de milliers de couples mariés entre eux qui appartiennent à des synagogues réformées restera sans doute en vigueur.
Au sein du mouvement conservateur, une tentative minoritaire de définir la judéité sur la base de la paternité ainsi que de la maternité a été sainement défaite.