Toxicologie et potentiel de nuisance
La toxicité aiguë de la mélatonine telle qu’elle a été observée dans les études animales et humaines est extrêmement faible. La mélatonine peut provoquer des effets indésirables mineurs, tels que des maux de tête, des insomnies, des éruptions cutanées, des maux d’estomac et des cauchemars. Chez les animaux, une DL50 (dose létale pour 50% des sujets) n’a pas pu être établie. Même une dose de 800 mg/kg de poids corporel (dose élevée) n’était pas létale. Des études sur des sujets humains auxquels on a administré des doses variables de mélatonine (1 à 6,6 g/jour) pendant 30 à 45 jours, et qui ont été suivies d’une batterie élaborée de tests biochimiques pour détecter une éventuelle toxicité, ont conclu qu’à part la somnolence, tous les résultats étaient normaux à la fin de la période de test.
Des études animales suggèrent que la mélatonine peut réguler à la baisse l’axe hypophysaire/gonadique entraînant un hypogonadisme et/ou un retard de puberté. Cependant l’administration chronique de mélatonine à faible dose chez l’homme n’a pas modifié les taux sanguins de testostérone ou d’hormone lutéinisante. Un cas de taux de mélatonine extrêmement élevé associé à un retard de puberté et à un hypogonadisme a été rapporté. Le développement pubertaire et la résolution de l’hypogonadisme se sont produits spontanément alors que les taux de mélatonine diminuaient sur plusieurs années. Des preuves expérimentales récentes démontrent que la mélatonine réduit la motilité des spermatozoïdes et que l’administration à long terme inhibe les niveaux d’aromatase testiculaire.
La mélatonine a également été suggérée comme contraceptif pour les femmes, ce qui pourrait soulever la question de savoir si la mélatonine endommage le système reproducteur féminin. Notamment, aucun effet secondaire n’a été signalé dans un rapport d’un essai clinique de phase 2 dans lequel 1400 femmes ont été traitées avec 75 mg de mélatonine chaque nuit pendant 4 ans.
Des études préliminaires sur l’animal suggèrent que la mélatonine peut accélérer le développement de conditions auto-immunes. La mélatonine a exacerbé transitoirement les symptômes neurologiques chez 1 patient atteint de sclérose en plaques.
Bien que la mélatonine soit un agent d’appoint potentiel dans le traitement du cancer et des déficiences immunitaires, une administration mal programmée peut produire des effets opposés. Des injections de mélatonine administrées le matin stimulent la croissance tumorale, alors que les mêmes doses en milieu d’après-midi n’ont aucun effet, mais en soirée, elles ont un effet retardateur. Et bien que certaines personnes dépressives puissent souffrir d’un « syndrome de faible mélatonine », l’administration de mélatonine qui prolonge indûment la montée nocturne de la mélatonine, ou qui est administrée tout au long de la journée, peut exacerber la dépression saisonnière et la dépression bipolaire et classique. Enfin, des études animales ont montré que des doses modérément élevées de mélatonine (équivalentes dans une étude à environ 30 mg chez l’homme adulte) augmentaient les dommages induits par la lumière sur les photorécepteurs rétiniens.
On s’inquiète également de l’augmentation de l’athérosclérose de l’aorte chez les rats hypercholestérolémiques provoquée par la mélatonine. De plus, chez ces animaux, les LDL étaient moins bien reconnus par les voies métaboliques des récepteurs LDL lorsque la mélatonine était administrée.
La mélatonine est largement disponible sous forme de supplément en vente libre commercialisé par différentes sociétés. Ces compléments peuvent ne pas être similaires en termes de dosage et/ou de composition, et certains d’entre eux peuvent contenir des vitamines supplémentaires. De plus, la mélatonine peut interagir avec d’autres médicaments en vente libre, bien que de telles interactions n’aient pas été systématiquement évaluées et, par conséquent, restent non signalées.