Cet article fait partie de notre série mondiale sur les systèmes de santé, qui examine différents systèmes de soins de santé dans le monde entier. Lisez les autres articles de la série ici.
Le système de santé canadien est un point de fierté canadien. Nous le brandissons comme une caractéristique nationale déterminante et un exemple de ce qui nous différencie des Américains. Le système a été soutenu dans sa forme actuelle, plus ou moins, par les partis de toutes les allégeances politiques – depuis près de 50 ans.
Notre équipe à l’École d’études politiques de l’Université Queen’s Conseil des politiques de santé est une équipe de dirigeants de soins de santé chevronnés et accomplis dans l’économie de la santé, la pratique clinique, l’éducation, la recherche et les politiques de santé. Nous étudions, enseignons et commentons la politique de santé et le système de soins de santé à partir de perspectives multiples.
Bien qu’il soit très apprécié, le système de soins de santé du Canada est coûteux et fait face à plusieurs défis. Ces défis ne seront qu’exacerbés par l’évolution du paysage de la santé dans une société vieillissante. Un leadership fort est nécessaire pour propulser le système vers un avenir durable en matière de santé.
- Un modèle national d’assurance maladie
- Les longs temps d’attente
- Un paysage de maladies chroniques
- Vieillissement de la population, augmentation des coûts
- Actions que nous pouvons prendre maintenant
- Intégration et innovation
- Responsabilisation accrue
- Élargir la définition de l’intégralité
- Un leadership audacieux
Un modèle national d’assurance maladie
Les racines du système canadien se trouvent en Saskatchewan, lorsque le gouvernement de gauche de la Fédération du Commonwealth coopératif (CCF) du premier ministre de l’époque, Tommy Douglas, a d’abord établi un programme provincial d’assurance maladie. Celui-ci couvrait les frais d’hospitalisation universelle (en 1947), puis les frais de médecins (en 1962). Les coûts ont été partagés à 50/50 avec le gouvernement fédéral pour les hôpitaux à partir de 1957 et pour les médecins en 1968.
Ce nouveau modèle a inspiré une farouche opposition de la part des médecins et des groupes d’assurance, mais s’est avéré extrêmement populaire auprès de la population de la Saskatchewan et d’ailleurs. Tout au long des années 1960, les gouvernements provinciaux et territoriaux successifs ont adopté le « modèle de la Saskatchewan » et, en 1972, le territoire du Yukon a été la dernière juridiction infranationale à l’adopter.
Lire cet article en français : Système de santé canadien : un bilan en demi-teinte
En 1968, la Loi sur l’assurance nationale des soins médicaux est mise en œuvre, dans laquelle le gouvernement fédéral accepte de contribuer à hauteur de 50 % au coût des régimes d’assurance provinciaux. En 1984, la Loi canadienne sur la santé a interdit la facturation directe des patients en complément des paiements d’assurance aux médecins.
Les cinq principes fondamentaux du système canadien étaient désormais établis : l’universalité (tous les citoyens sont couverts), l’intégralité (tous les services hospitaliers et médicaux essentiels sur le plan médical), la transférabilité (entre toutes les provinces et tous les territoires), l’administration publique (de l’assurance financée par l’État) et l’accessibilité.
Au cours des 50 dernières années, le système de santé canadien est resté essentiellement inchangé malgré de nombreuses pressions.
Les longs temps d’attente
La qualité du système de santé canadien a toutefois été remise en question, depuis plusieurs années consécutives, par le Commonwealth Fund, basé aux États-Unis. Il s’agit d’une organisation non partisane très respectée qui classe chaque année les systèmes de soins de santé de 11 nations. Depuis plusieurs années consécutives, le Canada se classe au neuvième ou au dixième rang.
L’un des défis des soins de santé canadiens est l’accès. La plupart des Canadiens ont accès en temps opportun à DeepL à des soins de classe mondiale pour les problèmes urgents et émergents comme les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et les soins contre le cancer. Mais pour de nombreux problèmes moins urgents, ils attendent généralement jusqu’à plusieurs mois, voire des années.
Les patients qui ont besoin d’un remplacement de la hanche ou du genou, d’une opération de l’épaule ou de la cheville, d’une opération de la cataracte ou d’une visite chez un spécialiste pour une consultation attendent souvent beaucoup plus longtemps que ce qui est recommandé. De nombreuses personnes âgées qui ne sont pas gravement malades attendent également dans les hôpitaux d’être affectées à un établissement de soins de longue durée, pendant des mois et, parfois, des années.
Et ce n’est pas seulement l’accessibilité qui pose problème. Par rapport aux mesures d’efficacité, de sécurité, de coordination, d’équité, d’efficience et de centrage sur le patient, le système canadien est classé par le Fonds du Commonwealth comme étant au mieux médiocre. Nous avons un système de soins de santé coûteux qui est clairement sous-performant.
Un paysage de maladies chroniques
Comment se fait-il que le Canada soit passé d’un chef de file mondial à un exécutant de niveau moyen (ou peut-être même inférieur) ?
Le Canada et les Canadiens ont changé, mais notre système de soins de santé ne s’est pas adapté. Dans les années 1960, les besoins en matière de soins de santé concernaient essentiellement le traitement des maladies et des blessures aiguës. Le modèle de l’hôpital et du médecin était bien adapté à cette réalité.
Aujourd’hui, cependant, le paysage des soins de santé est de plus en plus celui des maladies chroniques. Le diabète, la démence, l’insuffisance cardiaque, les maladies pulmonaires chroniques et d’autres maladies chroniques caractérisent le profil de soins de santé de nombreux aînés canadiens.
Les hôpitaux sont encore nécessaires, c’est certain. Mais de plus en plus, la population a besoin de solutions communautaires. Nous devons » déshospitaliser » le système dans une certaine mesure afin de pouvoir offrir des soins aux Canadiens à domicile ou dans des lieux communautaires. Les hôpitaux coûteux ne sont pas une place pour les personnes âgées atteintes de maladies chroniques.
Un autre défi majeur pour les soins de santé canadiens est la portée étroite des services couverts par les régimes d’assurance provinciaux. « L’exhaustivité » de la couverture, en fait, ne s’applique qu’aux services des médecins et des hôpitaux. Pour de nombreux autres services importants, notamment les soins dentaires, les produits pharmaceutiques hors hôpital, les soins de longue durée, la physiothérapie, certains services de soins à domicile et bien d’autres, la couverture est assurée par un mélange d’assurances privées et publiques et de paiements directs hors de portée de nombreux Canadiens à faible revenu.
Et c’est sans parler des déterminants sociaux de la santé, comme la sécurité alimentaire, le logement et le revenu. Aucun de ces éléments n’a jamais été considéré comme faisant partie du « système » de soins de santé, même s’ils sont tout aussi importants pour la santé des Canadiens que les médecins et les services hospitaliers.
Vieillissement de la population, augmentation des coûts
Le système de soins de santé canadien est soumis à de nombreuses pressions.
Tout d’abord, les gouvernements fédéraux successifs ont effectivement réduit leurs contributions en espèces depuis la fin des années 1970, lorsque les points d’impôt ont été transférés aux provinces et aux territoires. Beaucoup craignent que si la part fédérale continue de diminuer comme prévu, il sera de plus en plus difficile d’atteindre les normes nationales. Le gouvernement fédéral pourrait également perdre l’autorité morale de faire respecter la Loi canadienne sur la santé.
Un deuxième défi a été le coût croissant de l’assurance-hospitalisation universelle. Comme la croissance économique a augmenté et diminué au fil du temps, les gouvernements ont augmenté leurs budgets de santé à des taux différents. En 2016, les dépenses totales de santé s’élevaient à environ 11,1 % du PIB (produit intérieur brut) ; en 1975, elles représentaient environ 7 % du PIB.
Dans l’ensemble, les dépenses totales en soins de santé au Canada s’élèvent maintenant à plus de 6 000 $ (4 790 $ US) par citoyen. Par rapport aux pays développés comparables, le système de soins de santé du Canada est définitivement du côté coûteux.
Le vieillissement de la population canadienne exercera une pression supplémentaire sur le système de soins de santé au cours des prochaines années, à mesure que la génération du baby-boom entrera dans la vieillesse. En 2014, pour la première fois de notre histoire, il y avait plus de personnes âgées que d’enfants au Canada.
Le fait que plus de Canadiens vivent plus longtemps et en meilleure santé que jamais auparavant est sûrement une réalisation grandiose pour notre société, mais cela présente certains défis économiques. En moyenne, il en coûte plus cher de fournir des soins de santé aux personnes âgées.
De plus, certaines provinces (les provinces de l’Atlantique, le Québec et la Colombie-Britannique en particulier) vieillissent plus rapidement que les autres. Cela signifie que ces provinces, dont certaines sont confrontées à des perspectives de croissance économique très modeste, auront encore plus de mal à suivre l’augmentation des coûts de santé dans les années à venir.
Actions que nous pouvons prendre maintenant
L’incapacité de notre système à s’adapter aux besoins changeants des Canadiens nous a laissé avec un système de soins de santé très coûteux qui donne des résultats médiocres. Les Canadiens devraient avoir un système de soins de santé qui soit vraiment digne de leur confiance. Quatre mesures claires pourraient être prises pour y parvenir :
Intégration et innovation
Les intervenants en soins de santé au Canada fonctionnent encore en silos. Les hôpitaux, les soins primaires, les soins sociaux, les soins à domicile et les soins de longue durée fonctionnent tous comme des entités à part entière. Le partage de l’information est insuffisant et les patients communs ne sont généralement pas servis de manière coordonnée. Faire en sorte que le patient soit au centre des préoccupations – quel que soit l’endroit où il est servi ou la personne qui le sert – permettra d’offrir des soins de meilleure qualité, plus sûrs, plus efficaces et moins coûteux. Les investissements dans les systèmes d’information seront essentiels au succès de ces efforts.
Responsabilisation accrue
Ceux qui servent les Canadiens pour leurs besoins en soins de santé doivent faire la transition vers des modèles de responsabilisation axés sur les résultats plutôt que sur les extrants. La qualité et l’efficacité doivent être récompensées plutôt que la quantité de services fournis. L’alignement des objectifs des professionnels, des patients et du système garantit que tout le monde tire ses rames dans la même direction.
Élargir la définition de l’intégralité
Nous savons que de nombreux facteurs influencent la santé des Canadiens en plus des soins des médecins et des hôpitaux. Alors pourquoi notre système de santé « universel » limite-t-il sa couverture aux services des médecins et des hôpitaux ? Un régime qui vise l’équité en matière de santé répartirait ses investissements publics sur un plus large éventail de services. Une campagne en faveur de l’assurance-médicaments universelle, par exemple, est actuellement en cours au Canada. Une meilleure intégration des services de santé et des services sociaux permettrait également de s’attaquer plus efficacement aux déterminants sociaux de la santé.
Un leadership audacieux
Un leadership audacieux de la part du gouvernement et du secteur de la santé est essentiel pour combler les écarts et faire tomber les barrières qui ont figé le statu quo. Les Canadiens doivent accepter que la recherche d’améliorations et de changements ne signifie pas qu’il faille sacrifier les nobles idéaux sur lesquels notre système a été fondé. Au contraire, nous devons changer pour honorer et maintenir ces idéaux. Nos dirigeants ne doivent pas avoir peur de fixer des objectifs ambitieux.