-
Par le Dr Liji Thomas, MDSep 13 2019
Dans une nouvelle découverte étonnante qui pourrait guider de nouvelles recherches sur la prévention de la perte de grossesse chez les femmes, les scientifiques rapportent que les cellules souches dérivées de la moelle osseuse adulte peuvent dicter si une femme devient enceinte.
Ces résultats représentent un changement dans la façon dont la perte récurrente de grossesse (RPL) est comprise. La RPL touche 1 à 2% des couples, et la cause n’est pas claire dans 50% ou plus des cas.
Design_Cells |
Les cellules, appelées cellules souches dérivées de la moelle osseuse, se déplacent en nombre accru vers l’utérus après la fécondation. Ces cellules souches se transforment en cellules endométriales spécialisées pour former la caduque ou la muqueuse utérine épaisse qui nourrit l’embryon en développement et finit par former la base du placenta. Si ces cellules ne fonctionnent pas correctement, cela peut conduire à l’échec de l’implantation, et donc, de la grossesse.
Les cellules progénitrices de la moelle osseuse donnent naissance soit à des cellules sanguines, soit à d’autres tissus. Une fois qu’elles atteignent l’utérus, suite à la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde, elles mûrissent en cellules endométriales qui tapissent l’intérieur de l’utérus.
Examen du rôle de la moelle osseuse dans la grossesse
L’étude actuelle a tracé ces cellules pendant la grossesse et a constaté qu’elles faisaient des pistes pour l’utérus, jouxtant le site d’implantation. Ces cellules sont devenues des cellules déciduales, un type particulier d’endomètre utérin, qui soutient l’embryon précoce et lui permet de s’enfouir profondément dans la muqueuse, un processus appelé implantation. Ces cellules ont fini par former le côté maternel du placenta.
Les chercheurs avaient auparavant mis au point une nouvelle procédure de transplantation de moelle osseuse grâce à laquelle ils pouvaient détruire les cellules de la moelle osseuse mais laisser la fonction des ovaires intacte, permettant ainsi aux souris de tomber enceintes. Ils y sont parvenus en utilisant des antimétabolites, une classe de médicaments chimiothérapeutiques qui n’empoisonnent pas les cellules mais les privent de certains composants essentiels qui participent aux réactions cellulaires.
L’étape suivante consistait à tester le rôle des progéniteurs de la moelle osseuse au début de la grossesse. Pour ce faire, on a utilisé des souris dépourvues d’une protéine appelée Hoxa11. Ce gène est présent uniquement sur les cellules souches mésenchymateuses de la moelle osseuse, et sur les cellules stromales de la décidue utérine.
L’absence d’une copie de Hoxa11 laisse la souris capable de concevoir mais incapable de mener une grossesse. L’absence complète des deux copies de l’Hoxa11 signifie que les souris ont un développement endométrial défectueux et ne peuvent pas concevoir. Le défaut génétique inhibe la transformation normale du stroma endométrial en decidua.
Le résultat
Lorsque les souris présentant une déficience partielle de Hoxa11 ont reçu des greffes de moelle osseuse de donneurs sains, elles sont devenues enceintes et ont mené la grossesse à terme, avec des portées plus importantes. Chez les souris présentant une déficience complète, les greffes leur ont permis de concevoir avec une muqueuse endométriale normale.
La déficience de Hoxa11 a été constatée dans des pathologies humaines liées à des grossesses ratées, comme l’endométriose, les fibromes sous-muqueux et les fausses couches. La protéine joue également un rôle dans l’implantation de l’embryon humain. L’étude actuelle justifie donc une exploration plus approfondie du rôle de Hoxa11 dans la grossesse humaine.
La moelle osseuse est ‘un organe reproducteur critique’
On sait déjà que la moelle osseuse fournit une variété de cellules sanguines. Elle fournit également de nombreuses cellules immunitaires qui sont vitales pour une grossesse réussie, notamment pour moduler l’interface entre les tissus de la mère et du fœtus (par exemple, au niveau du placenta).
Ceci empêche le développement de réponses immunitaires qui pourraient menacer le fœtus en développement. La moelle osseuse donne également quelques cellules non immunitaires à l’utérus pendant la grossesse, qui peuvent être considérées comme des cellules endométriales.
L’étude actuelle montre que la moelle osseuse envoie également un grand nombre de cellules souches mésenchymateuses (CSM) dans la circulation sanguine de la femme enceinte après la fécondation. Celles-ci quittent la circulation lorsqu’elles atteignent l’utérus et se transforment en cellules déciduales.
Ces dernières sont reconnaissables au fait qu’elles expriment la prolactine. Elles affectent la façon dont une foule d’autres gènes sont exprimés dans le tissu utérin, et jouent donc un rôle déterminant dans la perte de grossesse.
Les chercheurs concluent :
Nous traduisons actuellement ces résultats chez l’homme pour mieux comprendre le rôle que ces cellules jouent dans les échecs récurrents d’implantation et les pertes récurrentes de grossesse, deux conditions inexpliquées dans la majorité des cas et qui n’ont pas de traitement efficace. Les résultats de cette étude ouvrent de nouvelles voies passionnantes pour la recherche sur la cause de ces conditions ainsi que pour le développement de nouveaux traitements pour les femmes qui en souffrent. »
Le rapport a été publié le 12 septembre 2019 dans la revue PLOS Biology.
Référence du journal:Tal, R., et al. (2019). Les progéniteurs de la moelle osseuse adulte deviennent des cellules déciduales et contribuent à l’implantation de l’embryon et à la grossesse. PLOS Biology. https://doi.org/10.1371/journal.pbio.3000421.
Écrit par
Dr. Liji Thomas
Dr. Liji Thomas est un OB-GYN, qui a été diplômé du Government Medical College, Université de Calicut, Kerala, en 2001. Liji a exercé en tant que consultante à plein temps en obstétrique/gynécologie dans un hôpital privé pendant quelques années après l’obtention de son diplôme. Elle a conseillé des centaines de patients confrontés à des problèmes liés à la grossesse et à l’infertilité, et a été en charge de plus de 2 000 accouchements, s’efforçant toujours de réaliser un accouchement normal plutôt qu’opératoire.
Citations
Veuillez utiliser l’un des formats suivants pour citer cet article dans votre essai, document ou rapport :
-
APA
Thomas, Liji. (2019, 13 septembre). Les cellules de la moelle osseuse contribuent au succès de la grossesse dans un modèle de souris. News-Medical. Récupéré le 25 mars 2021 de https://www.news-medical.net/news/20190913/Bone-marrow-cells-contribute-to-pregnancy-success-in-mouse-model.aspx.
-
MLA
Thomas, Liji. « Les cellules de la moelle osseuse contribuent au succès de la grossesse dans un modèle de souris ». News-Medical. 25 mars 2021. <https://www.news-medical.net/news/20190913/Bone-marrow-cells-contribute-to-pregnancy-success-in-mouse-model.aspx>.
-
Chicago
Thomas, Liji. « Les cellules de la moelle osseuse contribuent au succès de la grossesse dans un modèle de souris ». News-Medical. https://www.news-medical.net/news/20190913/Bone-marrow-cells-contribute-to-pregnancy-success-in-mouse-model.aspx. (consulté le 25 mars 2021).
-
Harvard
Thomas, Liji. 2019. Les cellules de la moelle osseuse contribuent au succès de la grossesse dans un modèle de souris. News-Medical, consulté le 25 mars 2021, https://www.news-medical.net/news/20190913/Bone-marrow-cells-contribute-to-pregnancy-success-in-mouse-model.aspx.
.
-