Par un jour d’automne venteux sur la réserve indienne de Standing Rock dans le Dakota du Nord, Wehnona Stabler rentre chez elle pour brûler de la sauge. En tant que directrice d’un hôpital indien, Stabler lutte contre le diabète, la dépendance à la méthamphétamine, les MST et le suicide chez les adolescents. Souvent, elle rêve de flotter sur le fleuve Missouri jusqu’à sa maison dans la réserve Omaha où est né l’un de ses héros, le Dr Picotte.
Picotte était le premier médecin autochtone d’Amérique. Enfant, Picotte a vu une femme indienne mourir parce que le médecin blanc n’était jamais venu. Alors, Picotte est devenue médecin elle-même, diplômée première de sa classe au Woman’s Medical College de Pennsylvanie. Elle est retournée dans une tribu ravagée par la maladie et l’alcool et a consacré le reste de sa vie à soigner les blessures du corps et de l’esprit. Un siècle plus tard, des femmes autochtones de nombreuses tribus ont suivi ses traces.
Dans le Dakota du Sud, le docteur Lucy Reifel franchit les portes de sa clinique mobile sur la réserve sioux de Rosebud. Elle fait des piqûres, pèse les nourrissons et parle aux mères des vertus de l’allaitement maternel. Puis, elle rentre chez elle pour s’occuper de son enfant le plus âgé, un jeune homme qui a besoin de soins constants. Le fils de Reifel, Casey, est né avec le syndrome d’alcoolisme fœtal d’une mère qui avait bu pendant toute sa grossesse. Il y a trente ans, Reifel l’a adopté.
Pendant ce temps, à Page, AZ, près de Monument Valley, le docteur Lori Arviso Alford se frotte les mains en préparation d’une intervention chirurgicale. Bientôt, elle franchira les doubles portes pour opérer son premier patient de la journée. Diplômée de la prestigieuse école de médecine de l’université de Stanford, Alvord est le premier membre de la tribu Navajo à devenir chirurgien.
Quand un mode de vie est brisé, ce sont souvent les femmes qui deviennent les guérisseuses. Les femmes médicinales d’aujourd’hui luttent, comme Picotte, pour servir leur peuple, élever leurs familles et s’accrocher à leurs identités tribales.