La morsure d’une araignée recluse brune (Loxosceles reclusa) est une entité rare dans notre milieu, mais il est important de l’inclure dans le diagnostic différentiel de la cellulite car son évolution peut être fatale. Nous présentons un cas de nécrose septique du membre inférieur secondaire à une piqûre d’araignée recluse brune dans notre milieu.
Homme, 43 ans, sans antécédent particulier, s’est présenté aux urgences pour une douleur au pied droit, ainsi que des signes de Celsus, suite à une piqûre d’arachnide dans les 48h précédentes, associée à de la fièvre, des nausées, des vomissements, des arthralgies, des céphalées et des urines foncées. Examen physique : 38°C, urine cholurique, autres signes vitaux normaux. Lésion papuleuse dans le pli interdigital des 4e et 5e orteils du pied droit associée à une cellulite naissante sur le dos du pied (fig. 1). NFS : 29 720 leucocytes/μl (85 % de polymorphonucléaires) ; CRP : 14,7 ; lactate : 1,1 ; CPK : 138 ; urée : 32 ; créatinine : 0,98 ; tous les autres paramètres sont normaux. Radio du thorax normale. Echo-Doppler des membres inférieurs normal. Admis pour traitement par antibiothérapie (amoxicilline-acide clavulanique) et traitement local (membre surélevé, froid local, compression). Après 24 heures, la cellulite progresse sur la face antérieure, et finit par entourer complètement la jambe au 4ème jour. Par la suite, une grande phlyctène apparaît couvrant le dos du pied avec une surface d’environ 15×5cm avec une nécrose de la peau et du tissu cellulaire sous-cutané, accompagnée d’une lymphangite (fig. 2). Le spectre a été étendu avec la vancomycine, avec une évolution analytique et clinique lente mais favorable, avec une diminution progressive de la cellulite, et une sortie au 12ème jour. Lors des examens ultérieurs, il était asymptomatique, avec une force et une mobilité préservées.
L’araignée recluse brune (Loxosceles reclusa) est une araignée venimeuse, également appelée araignée violoniste ou violoniste, car elle est photophobe et sa tête a la forme d’une tête de violon. Bien qu’il s’agisse d’une araignée originaire des États-Unis1,2, elle semble s’être adaptée à notre environnement, comme cela s’est produit à Séville, où il y a eu plusieurs cas de morsures3 où notre patient travaillait.
Le tableau clinique est très varié, et le patient peut être asymptomatique, ou présenter des signes locaux dans la zone de la morsure, ou avoir des répercussions systémiques avec une insuffisance rénale1,2. La douleur apparaît dans les premières heures et augmente progressivement en intensité, associée à un prurit et à un érythème. Dans les 24h qui suivent la piqûre, une zone » annulaire » érythémateuse et violacée apparaît autour de la piqûre4 qui deviendra un ulcère ischémique dans les 48-72h2, comme cela s’est produit chez notre patient. Ces ulcères ischémiques peuvent atteindre une grande longueur, il existe des cas allant jusqu’à 30 cm de diamètre, et nécessitent généralement un débridement chirurgical et parfois une greffe de peau5. Il convient de noter que la gravité des lésions cutanées n’est pas corrélée au développement de la toxicité systémique.
Le tableau anaphylactique produit par le venin est appelé loxoscelisme, qui, s’il n’est pas contrôlé, peut conduire à une défaillance systémique (14% des cas)6. Les symptômes systémiques les plus fréquents sont : frissons, prurit, malaise, fièvre, nausées, accompagnés de leucocytose et parfois d’hémolyse7. Moins fréquents sont la jaunisse, l’insuffisance rénale, les convulsions, l’hématurie, la coagulation intravasculaire disséminée, le choc septique et, rarement, le décès, qui est plus fréquent dans le groupe d’âge pédiatrique7.
Le diagnostic est purement clinique, basé sur une combinaison de signes, de symptômes et une bonne histoire du patient, car il n’y a pas de test de laboratoire pour identifier la condition.
Le traitement de la plaie consiste en des pansements locaux, le maintien du membre en élévation, un traitement antalgique, des antihistaminiques, la vaccination antitétanique si elle n’est pas correctement effectuée, et un traitement antibiotique1. L’utilisation de corticostéroïdes est controversée, alors que certains groupes l’indiquent, d’autres pensent qu’elle peut favoriser la progression ou le développement de lésions nécrotiques. En cas de toxicité systémique, ils ont été utilisés pour prévenir l’insuffisance rénale8 et l’hémolyse. Dans notre cas, nous n’utilisons pas de corticostéroïdes en raison de la stabilité clinique9-11. Le traitement chirurgical des ulcères nécrotiques est effectué dans la phase stable, sans cellulite et jamais dans les premiers stades, car le débridement chirurgical précoce des ulcères nécrotiques peut être associé à une aggravation des ulcères et à une limitation fonctionnelle du membre affecté12.
Les autres mesures locales comprennent l’utilisation d’oxygène hyperbare9,13-15, de patchs de nitroglycérine16 et la thérapie par pression négative5 car il a été démontré qu’elle réduit la taille des ulcères nécrotiques en augmentant la formation de collagène et de fibroblastes dans l’ulcère.
En termes de traitement des symptômes systémiques, une surveillance étroite en unité de soins intensifs avec des analyses sanguines en série est recommandée en raison du risque de thrombocytopénie, d’hémolyse, de leucocytose et d’hémoglobinurie ; si ces données sont présentes, une réplétion volumique intense est indiquée pour prévenir une insuffisance rénale. Les traitements de biologie moléculaire en sont encore au stade expérimental17 mais il n’est pas exclu qu’un antidote au venin de Loxosceles reclusa soit développé à l’avenir.
Nous concluons qu’une morsure d’araignée recluse brune doit être suspectée en présence d’une cellulite après une morsure, l’anamnèse étant d’une importance vitale pour son diagnostic, car la loxoscèle peut être mortelle car il n’y a pas de traitement spécifique pour elle.
Conflit d’intérêts
Nous déclarons ne pas avoir de conflit d’intérêts.
Nous déclarons ne pas avoir de conflit d’intérêts.