Importance : La lombalgie (LBP) est responsable de plus de 2,5 millions de visites dans les services d’urgence (ED) américains chaque année. Ces patients sont généralement traités par des anti-inflammatoires non stéroïdiens, de l’acétaminophène, des opioïdes ou des relaxants des muscles squelettiques, souvent en association.
Objectif : Comparer les résultats fonctionnels et la douleur à 1 semaine et 3 mois après une visite aux urgences pour une lombalgie aiguë chez les patients randomisés à un traitement de 10 jours de (1) naproxène + placebo ; (2) naproxène + cyclobenzaprine ; ou (3) naproxène + oxycodone/acétaminophène.
Conception, cadre et participants : Cette étude randomisée, en double aveugle et en trois groupes a été menée dans un service d’urgence urbain du Bronx, à New York. Les patients qui présentaient une lombalgie non traumatique et non radiculaire depuis 2 semaines ou moins étaient admissibles à l’étude à leur sortie de l’urgence s’ils avaient obtenu un score supérieur à 5 au questionnaire sur l’incapacité de Roland-Morris (RMDQ). Le RMDQ est un questionnaire en 24 points couramment utilisé pour mesurer la lombalgie et les déficiences fonctionnelles qui y sont associées, où 0 indique une absence de déficience fonctionnelle et 24 une déficience maximale. À partir d’avril 2012, un total de 2588 patients a été approché pour l’enrôlement. Sur les 323 jugés admissibles à la participation, 107 ont été randomisés pour recevoir un placebo et 108 chacun pour la cyclobenzaprine et l’oxycodone/acétaminophène. Le suivi s’est terminé en décembre 2014.
Interventions : Tous les participants ont reçu 20 comprimés de naproxène, 500 mg, à prendre deux fois par jour. Ils ont été randomisés pour recevoir soit 60 comprimés de placebo ; cyclobenzaprine, 5 mg ; ou oxycodone, 5 mg/acétaminophène, 325 mg. Les participants ont reçu pour instruction de prendre 1 ou 2 de ces comprimés toutes les 8 heures, selon les besoins de la lombalgie. Ils ont également reçu une session éducative standardisée de 10 minutes sur la lombalgie avant leur sortie.
Principaux résultats et mesures : Le résultat principal était l’amélioration de la RMDQ entre la sortie de l’urgence et 1 semaine plus tard.
Résultats : Les caractéristiques démographiques étaient comparables dans les 3 groupes. Au départ, le score médian du RMDQ était de 20 (intervalle interquartile ,17-21) dans le groupe placebo, de 19 (IQR,17-21) dans le groupe cyclobenzaprine et de 20 (IQR,17-22) dans le groupe oxycodone/acétaminophène. Après une semaine de suivi, l’amélioration moyenne du RMDQ était de 9,8 dans le groupe placebo, de 10,1 dans le groupe cyclobenzaprine et de 11,1 dans le groupe oxycodone/acétaminophène. La différence entre les groupes dans l’amélioration moyenne de la RMDQ pour la cyclobenzaprine par rapport au placebo était de 0,3 (IC 98,3 %, -2,6 à 3,2 ; P = 0,77), pour l’oxycodone/acétaminophène par rapport au placebo, 1,3 (IC 98,3 %, -1,5 à 4,1 ; P = 0,28), et pour l’oxycodone/acétaminophène par rapport à la cyclobenzaprine, 0,9 (IC 98,3 %, -2,1 à 3,9 ; P = 0,45).
Conclusions et pertinence : Parmi les patients souffrant de lombalgie aiguë, non traumatique et non radicale se présentant aux urgences, l’ajout de cyclobenzaprine ou d’oxycodone/acétaminophène au naproxène seul n’a pas amélioré les résultats fonctionnels ou la douleur au suivi d’une semaine. Ces résultats ne soutiennent pas l’utilisation de ces médicaments supplémentaires dans ce contexte.
Enregistrement de l’essai : clinicaltrials.gov Identifier : NCT01587274.