Abstract
La candidose buccale est causée par des champignons du genre Candida et l’une des infections fongiques opportunistes les plus courantes de la cavité buccale humaine. Compte tenu de la variabilité clinique de cette maladie, des techniques microbiologiques sont souvent nécessaires pour la confirmation clinique, ainsi que pour établir un diagnostic différentiel avec d’autres maladies. L’objectif de ce bref rapport technique est d’illustrer une méthode simple au fauteuil, qui peut fournir un diagnostic microscopique immédiat de cette maladie. Nous présentons le cas d’un garçon de 14 ans souffrant d’une stomatite érythémateuse liée à une prothèse dentaire, diagnostiquée et suivie à l’aide d’une technique simplifiée de microscopie directe. Elle permet un diagnostic précis avec une méthode de prélèvement non invasive et indolore, liée aux résultats de laboratoire.
1. Introduction
La candidose buccale est causée par des champignons du genre Candida et l’une des infections fongiques opportunistes les plus courantes de la cavité buccale humaine. Cent cinquante espèces de ce genre ont été isolées dans la cavité buccale, dont 80% correspondent à Candida albicans . Une candidose buccale peut être aiguë ou chronique, et classée comme pseudo-membraneuse ou érythémateuse. La candidose buccale représente l’une des maladies des muqueuses les plus fréquentes, car tous les types d’infection peuvent être rencontrés. Une incidence accrue de l’infection peut être liée à divers facteurs prédisposants, tels qu’une antibiothérapie prolongée, la malnutrition, les troubles endocriniens, l’infection par le VIH, la xérostomie, le tabagisme, une mauvaise hygiène buccale et l’utilisation de prothèses dentaires . En général, le diagnostic de la candidose buccale repose sur les symptômes cliniques et est généralement simple dans les cas de candidose pseudo-membraneuse aiguë, notamment chez les nourrissons. Cependant, étant donné la variabilité clinique de cette maladie, des techniques microbiologiques sont souvent nécessaires pour la confirmation clinique, ainsi que pour établir un diagnostic différentiel avec d’autres maladies. En outre, les cas caractérisés par une résistance aux antifongiques, notamment chez les patients chroniques, peuvent bénéficier d’un test microbiologique supplémentaire. Plusieurs méthodes sont actuellement utilisées pour isoler et identifier les espèces de Candida, notamment la microscopie directe des frottis, les colorations, les cultures et les méthodes génétiques (PCR). De nouvelles méthodes d’identification sont également testées pour permettre une détection rapide et précise. Une récente revue de la littérature a démontré les avantages de la microscopie directe dans le diagnostic de la candidose orale chez les enfants et les adolescents . Le but de ce bref rapport technique est d’illustrer une méthode simple au fauteuil qui peut fournir un diagnostic microscopique immédiat de cette maladie.
2. Rapport de cas
Pour illustrer cette méthode, nous présentons le cas d’un garçon de 14 ans souffrant d’une stomatite érythémateuse liée à une prothèse dentaire (figure 1). La stomatite liée aux prothèses dentaires est définie comme un processus inflammatoire de la muqueuse buccale sous-jacente à une prothèse dentaire amovible. Chez les jeunes patients, une stomatite liée à une prothèse dentaire peut être due à une complication d’une prothèse pédiatrique ou peut survenir lors d’un traitement orthodontique à long terme avec un matériau amovible. Cette pathologie a été décrite chez les enfants et les adolescents, et des méthodes de diagnostic et de traitement ont été proposées. Ici, un appareil orthodontique amovible a été porté pendant deux ans pour compenser une agénésie dentaire.
Une procédure microscopique classique consiste généralement à prélever un échantillon représentatif du site infecté (cytologie exfoliative) qui est transféré sur une lame microscopique et traité avec de l’hydroxyde de potassium (KOH), une coloration de Gram ou une coloration acide-schiff périodique (PAS). Un prélèvement d’échantillon a été effectué et envoyé au laboratoire pour la culture et le résultat était positif pour Candida albicans.
Puis nous avons fourni une méthode simplifiée et directe de microscopie comme comparaison. Dans cette méthode, la salive du patient a été recueillie sur le plancher de la bouche. Un miroir intraoral était placé horizontalement sous la langue, en contact avec la muqueuse. Lorsque la salive recouvre le miroir, elle est retirée de la bouche et déposée sur la lame (figure 2(a)). L’échantillon est ensuite prélevé à l’aide d’une sonde stérile placée directement dans la salive du patient (Figure 2(c)), puis une lamelle est montée. Il est important de noter que la zone sulculaire est le site optimal pour prélever l’échantillon avec cette méthode (Figure 2(b)). Le praticien doit appuyer avec son doigt sur la lame pour étaler l’échantillon. L’échantillon a ensuite été analysé sous un microscope optique à contraste de phase (Figure 2(d)). Le grossissement le plus intéressant est le ×1000 car il permet de différencier les formes de levures non pathogènes des formes hyphales opportunistes. Dans des conditions pathologiques, plusieurs hyphes sont visibles sur chaque écran, mélangés à des bactéries et des cellules orales (Figure 3). Il est important de noter que cette méthode est précieuse pour déterminer l’efficacité du traitement. Le traitement a consisté en 3 semaines de traitement local à l’aide d’un antifongique (amphotéricine B), et la modification de l’appareil prothétique pour un appareil fixe. Une autre analyse de laboratoire par culture s’est avérée négative. Au suivi de deux ans, la même procédure a montré une normalisation de la flore buccale, avec absence d’hyphes (figure 4(b)), liée à une amélioration clinique (figure 4(a)).
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3. Conclusion
La microscopie directe est largement utilisée dans les laboratoires pour diagnostiquer les candidoses. Elle permet un diagnostic précis avec une méthode de prélèvement non invasive et indolore, particulièrement bien adaptée aux jeunes patients. Une procédure classique, qui implique le prélèvement d’échantillons et leur envoi à un laboratoire, prend plus de temps et d’argent. En outre, la méthode présentée ici ne nécessite aucune fixation ni traitement de l’échantillon. Il s’agit donc d’un moyen rentable d’examiner le microbiote oral d’un patient et de déterminer tout déséquilibre potentiel. Bien que la microscopie directe ne soit pas aussi spécifique que la culture, elle semble être une procédure de choix pour un diagnostic de première intention. Bien entendu, un examen clinique complet reste absolument nécessaire, ainsi qu’une anamnèse approfondie, afin d’étudier toute maladie générale associée. De plus, cette approche nécessite une expérience dans la détection des levures par observation microscopique qui n’est pas une compétence transversale chez les cliniciens. Cependant, l’identification n’est pas très difficile, et une simple formation de courte durée peut être suffisante. Ainsi, de plus en plus de praticiens auront accès à cette méthode ; par conséquent, une sensibilisation accrue à cette simple analyse microscopique permettra aux cliniciens de poser un diagnostic immédiat au fauteuil. En outre, comme c’était le cas pour les caméras intra-orales, étant donné les progrès des dispositifs microscopiques, ils peuvent être intégrés dans le concept de soins centrés sur la personne en tant qu’élément d’éducation et de prévention pour comprendre les diagnostics et prendre des décisions de traitement éclairées . Le développement potentiel de microscopes basés sur des smartphones permettra aux cliniciens d’accéder plus facilement à la microscopie. Les microscopes basés sur les smartphones ont déjà été utilisés pour détecter des parasites ou obtenir des images de cellules vivantes. Il s’agit d’une approche prometteuse pour effectuer un diagnostic précis au fauteuil à l’avenir.
Approbation éthique
Toutes les procédures effectuées dans l’étude impliquant des participants humains étaient conformes aux normes éthiques de l’Université de Toulouse et à la déclaration d’Helsinki de 1964 et ses amendements.
Consentement
Le consentement éclairé a été obtenu de tous les patients et de leurs parents. Tous les auteurs ont donné leur accord pour la publication.
Conflits d’intérêts
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts.