En leur qualité de califes, les sultans de l’Empire ottoman nommaient un fonctionnaire connu sous le nom de Sharif de La Mecque. Ce rôle revenait à un membre de la famille hachémite, mais les sultans favorisaient généralement les rivalités intrafamiliales hachémites dans leur choix, empêchant la construction d’une base solide de pouvoir dans le Sharif.
Avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914, le sultan, Mehmed V, en sa qualité de « calife », déclare le djihad contre les puissances de l’Entente. Les Britanniques, en particulier, espèrent coopter le Sharif en tant que figure religieuse alternative de poids les soutenant dans le conflit. Le Sharif est prudent mais, après avoir découvert que les Ottomans prévoient de l’éliminer et peut-être de l’assassiner, il accepte de travailler avec les Britanniques s’ils soutiennent une révolte arabe plus large et la création d’un royaume arabe indépendant – ce que les Britanniques laissent entendre. Après que les Ottomans ont exécuté d’autres chefs nationalistes arabes à Damas et à Beyrouth, le Hejaz s’est soulevé contre eux et les a solidement battus, les expulsant presque complètement (Médine restant sous le contrôle des Ottomans tout au long).
En juin 1916, Hussein bin Ali, Sharif de La Mecque, se déclare roi du Hejaz alors que son armée sharifienne participe avec d’autres forces arabes et l’Empire britannique à l’expulsion des Ottomans de la péninsule arabique.
Le département d’État américain cite un aide-mémoire daté du 24 octobre 1917 remis par le Bureau arabe à l’Agence diplomatique américaine au Caire confirmant que
….la Grande-Bretagne, la France et la Russie sont convenues de reconnaître le chérif comme souverain indépendant légitime du Hedjaz et d’utiliser le titre de « roi du Hedjaz » en s’adressant à lui, et une note à cet effet lui a été remise le 10 décembre 1916.
Les Britanniques, cependant, étaient compromis par leur accord visant à donner aux Français le contrôle de la Syrie (comprenant la Syrie et le Liban actuels) et n’ont pas, aux yeux de Hussein, honoré leurs engagements. Néanmoins, ils ont fini par créer des royaumes dirigés par les Hachémites (sous forme de protectorat) en Transjordanie et en Irak, ainsi qu’au Hejaz. L’évolution des frontières du vilayet ottoman du Hejaz a contribué aux incertitudes entre les royaumes hachémites voisins, notamment la revendication concurrente avec la Transjordanie sur l’inclusion du sanjak de Ma’an, comprenant les villes de Ma’an et d’Aqaba.
Le roi Hussein a refusé de ratifier le traité de Versailles de 1919 et, en réponse à une proposition britannique de 1921 de signer un traité acceptant le système du mandat, a déclaré qu’on ne pouvait s’attendre à ce qu’il « appose son nom sur un document assignant la Palestine aux sionistes et la Syrie aux étrangers. » Une nouvelle tentative britannique pour parvenir à un traité échoue en 1923-24, et les négociations sont suspendues en mars 1924 ; dans les six mois qui suivent, les Britanniques retirent leur soutien en faveur de leur allié d’Arabie centrale Ibn Saoud, qui procède à la conquête du royaume d’Hussein.
Le Pacte de la Société des Nations prévoit l’adhésion des signataires des traités de paix ; le Hejaz est l’un des trois (les deux autres étant les États-Unis et l’Équateur) qui n’ont pas ratifié Versailles.